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lundi 4 juin 2012

Comme ils disent

Je n'ai vraiment pas pour habitude de faire de grandes déclarations de coming-out. En général, j'ai des discussions tout à fait normale avec mes amis ou collègues, sauf que je remplace "ma femme" par "mon homme" ou par "mon compagnon", comme si de rien n’était, mais avec une petite appréhension malgré tout.

Comme si de rien n’était, parce que effectivement, il s'agit d'un petit rien. J'ai une vie classique, habituelle. J'ai un boulot, une habitation, un chat. Je fais mes courses au supermarché, je vais dans les bars et les restos, j'aime me promener en ville avec mes amis. La seule différence, c'est que je préfère coucher avec des hommes. D'ailleurs, j'ai fait ma vie avec l'un deux, rencontré il y a 8 ans. Avec une petite appréhension, parce qu'on ne sait jamais vraiment qui on a en face jusqu'à ce moment-là. Il se peut que le collègue qu'on trouvait sympa se révèle complètement homophobe, dans la peur, dans le dégout ou dans la haine. Il se peut que le voisin avec qui on a partagé des repas pour la fête des voisins ne comprenne pas et se mette à changer de trottoir. Et plusieurs autres cas du genre.

Mais aujourd'hui, je pense qu'il me faut faire une annonce officielle via l’intermédiaire de ce billet de blog : oui, je suis homosexuel. Non, je ne suis pas un dépravé (pas plus que le reste de l'humanité). Non, vous n’êtes pas obligé d’'éloigner vos enfants. Non, la fin du monde n'est pas pour demain, ou du moins, ça ne sera pas ma faute.

Vous allez peut-être penser qu'annoncer son homosexualité est un suicide au niveau médiatique et politique. J'ose espérer qu'en 2012, ce n'est plus le cas. J’'ose espérer que je m'adresse aussi à la majeure partie des électeurs qui sont assez ouverts d'esprit pour ne pas être choqué. Ceci dit, quand je vois le nombre d'anti-lgbt¹, le nombre de pro-lgbt et le nombre de lgbt déclarés parmi nos élus, je désespère un peu (cf cet article de Yagg). Mais je pense que les choses vont changer, que les mentalités évoluent.

Dans mon programme personnel se trouve le combat pour que les homos puissent se marier et adopter. Oui, je fais aussi ça pour moi. Mais pas seulement. Je le fais parce que je crois en l’Égalité, comme les fondateurs de notre nation. Je le fais aussi parce que je n'ai jamais reçu un seul argument acceptable pour que les homos n'aient pas les mêmes droits et devoirs que le reste de la population. (Et ne me parlez pas de "l’intérêt de l'enfant". Le véritable intérêt de l'enfant, ça serait de faire passer un examen de parentalité à chaque personne qui veut avoir un enfant, par des voies "naturelles" ou autre. Si ça vous choque, sachez que l'expression "intérêt de l'enfant" me choque encore plus par son hypocrisie.) Je ne me bats pas par communautarisme. Ça serait idiot. Il ne devrait pas y avoir de communautarisme. (Et de toute façon, la communauté homosexuelle n'est qu'une façade nécessaire pour le combat de l’Égalité. Sachez que nous nous tir— pouf-pouf. Sachez que nous non plus ne sommes pas des modèles de tolérance.)

Nous homosexuels ne sommes pas plus différents que d'autres. Depuis le début des années 80, nous ne sommes plus des malades mentaux, ni des criminels. Nous avons droits à nos préférences, entre adultes consentants et éclairés, comme tout le monde. Laissez nous vivre comme vous.

Et si vous avez des questions, si vous avez besoin d'explications, n’hésitez surtout pas, je me ferai un plaisir d'essayer de vous répondre.

¹ : LGBT : Lesbiennes, Gays, Bi et Trans. C'est ainsi que se nomment entre eux ceux que la population appelle les "homos". (Je ne suis pas super fan de ce concept, moi non plus.)