Circuits courts et vie des villages

Le week-end dernier, je me suis promené à Campan dans les Hautes Pyrénées, géographiquement une commune étendue mais démographiquement un petit village. C'est là que j'ai passé toute mon enfance.

A l'époque, le bourg contenait un magasin d'articles de pêche, un primeur ouvert 6 mois dans l'année, un restaurant, un bar, un distributeur automatique de billets, un traiteur, un boucher, 2 boulangeries, un bureau de poste, un salon de coiffure, une pharmacie, une épicerie, un autre bar, un restaurant, un salon de thé, un hôtel-restaurant et un magasin de matériel de sports d'hiver. Soit plus d'une quinzaine de commerces.

J'y suis passé Dimanche dernier. Il n'y a plus qu'un bar, un restaurant, un bureau de poste, un salon de coiffure, une pharmacie, une épicerie, un salon de thé, un restaurant et un hôtel-restaurant. Soit moins de dix commerces. Disparu le distributeur de billets. Disparus le traiteur et le primeur. Disparu le boucher. Et surtout, disparues les boulangeries.

Disparue, la vie du village. Et c'est là que nous tombons dans un cercle vicieux. S'il n'y a pas de petits commerces, il n'y a pas de vie. S'il n'y a pas de vie, il n'y a pas de raison que des gens s'installent. Et si personne ne s'installe, il n'y a pas de raison que des commerces rouvrent. Et ainsi de suite.

Mes parents m'ont éduqué dans l'amour des petits commerces. Ces endroits où les marchandises coûtent un peu plus cher, mais où on peut se rendre à pied et en urgence. Ces endroits où on peut rencontrer ses voisins et discuter avec eux. Ces endroits où se créent le fameux lien social et le vivre-ensemble.

Ce n'est pas seulement une histoire de commerce ou d’économie. Ce n'est pas seulement une histoire d'argent. C'est une histoire de décentralisation, d'horizontalité, d'égalité des territoires. C'est une histoire d'écologie. Si je suis obligé de prendre ma voiture chaque fois que je dois aller chercher une baguette de pain, c'est de la pollution en plus. Si je peux m'y rendre à pied ou à vélo, c'est meilleur pour mon corps et pour la planète.

Maintenant, il n'y a pas de recette miracle pour contrecarrer ce cercle vicieux de mort des villages. Il y a plusieurs petites actions, qui doivent être entreprises par plusieurs types de personnes.

  • Les habitants déjà. Les habitants de ces petits villages doivent prendre conscience que c'est à eux de faire vivre leurs boulangeries, leurs boucheries, leurs épiceries, leurs drogueries, leurs bars. A la fois en y achetant des denrées, mais aussi en y rencontrant des gens. (Comme je disais, ce n'est pas qu'une question de commerce.)
  • Les commerçants ensuite. Les commerçants sont sur le fil du rasoir. Ils doivent trouver leur équilibre entre vendre assez et assez cher pour survivre. Mais ils doivent aussi trouver la limite à ne pas dépasser pour ne pas faire fuir les clients vers le supermarché à bas prix de la ville d’à-côté.
  • Les entrepreneurs. Les entrepreneurs apportent à la commune où ils s'installent une force vive qui permettra à cette commune de se développer. Bien sûr, tous sont dépendants des infrastructures. Mais pour une bonne partie du tertiaire, les infrastructures nécessaires ne sont pas extravagantes. Et donc, il y a moyen de faire des économies, en particulier sur le loyer.
  • Les élus. Les élus ont eux aussi un rôle à jouer et un équilibre à trouver. Équilibre entre les infrastructures qu'ils gèrent et qui peuvent faire venir des habitants et des travailleurs, entre les impôts nécéssaires pour financer ces infrastructures, entre la nécessité de ne pas faire fuir les personnes par des taxes trop importantes, entre la possibilité de maintenir certains services qui emploient des personnes et permettent de maintenir la vie dans une commune.

Bref, tout le monde est concerné. Tout le monde peut jouer un rôle. Et si chacun participe, il est possible de transformer le cercle vicieux en cercle vertueux. Il est possible de faire revivre les villages de nos campagnes, de mieux répartir les populations sur notre territoire, de moins polluer, de vivre de manière plus agréable. Si chacun joue le jeu.


En tant que citoyen et membre du Parti Pirate, mon rôle est double : rappeler tous les points que je viens de citer et m'y plier en tant que consommateur et habitant.
En tant que député, mon rôle serait multiple :

  • tout d'abord, améliorer les infrastructures : déploiement du très haut-débit dans toutes les communes de France et amélioration des transports en commun,
  • ensuite, interpeller les entrepreneurs pour leur proposer de s'implanter dans des communes plus campagnardes et leur en présenter les avantages,
  • enfin, maintenir des services de l'État à petite échelle, plus proches des habitants, mieux répartis sur le territoire, créant des activités,
  • et bien sûr conserver mon double rôle de simple citoyen, tel que décrit ci-dessus.

Commentaires

1. Le lundi 12 juin 2017, 19:29 par stephanie

Article très intéressant sur la vie de nos villages Français qui sont malheureusement délaissés au profit de l'urbanisation effrénée qui emporte tout sur son passage et notamment l'économie et la culture gastronomique, un bon exemple du circuit court peut se traduire par l'installation de distributeurs automatiques de produits fermiers qui remportent un un franc succès dans nos campagnes : http://www.distributeurautomatique....

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